Un nouveau monde se co-construit sur les ruines du monde d’hier.
Nous nous reconnectons à notre enfant intérieur, aux confins de nos imaginaires et des possibles, et nous abandonnons à la rêverie pour partir en voyage vers de nouveaux territoires. Ces terres inconnues existent mais elles se révèlent si étrangères et innovantes pour le monde d’hier, que celui-ci préfère parfois les ignorer. Elles lui font peur par le pouvoir qu’elles confèrent à ses habitants. Ces contrées, à priori, sont difficiles à explorer tant elles abondent de nouveaux concepts anglophones : empowerment, open source, sharing economy, self-sufficiency, crowdfunding, crowdmaking… Quant aux tribus et autres pionniers qui y habitent, ils recèlent eux aussi de mots nouveaux pour les non-initiés : permaculture, agriculture verticale, Fab Lab, makers, smart cities, cradle to cradle… Il faut apprendre à les comprendre, décrypter leur jargon, intégrer leurs valeurs, prendre le temps de les découvrir. Et si nous empruntions ce chemin le moins fréquenté? Et si nous traversions ce pont qui relie les deux mondes? Tels des voyageurs, autorisons-nous à changer notre regard, à contempler les choses en grand, à voir ces paysages dans toute leurs complexités. Imaginons un nouveau contrat social, un projet de vivre ensemble afin que nous puissions “grandir en humanité” selon l’expression du philosophe Patrick Viveret. Comment grandit-on en humanité ? En essayant de se métamorphoser à l’échelle personnelle, grâce à sa conscience individuelle, avant de changer à l’échelle collective. Notre histoire est celle d’un voyage initiatique à travers le monde de demain : un périple en quête de sens, d’Ailleurs virtuels ou réels dont les points communs résident dans l’autonomie, une nouvelle abondance et « l’empuissantement »[1] citoyen au sein d’un monde global interconnecté.
Aux quatre coins de la planète, des acteurs de la société civile reprennent leur destin en main, se libèrent du poids des institutions, des lobbies, des multinationales, de l’Etat, pour tenter de retrouver une autonomie de pensée, de créer, d’entreprendre, d’être soi. Et surtout de redonner du sens à leur vie. Ils aspirent à ré-enchanter le monde, démanteler des croyances pour dessiner les contours du monde de demain, à l’échelle locale et globale. C’est ce que l’on appelle l’empowerment ou “l’empuissantement” citoyen. Face à une crise de valeurs généralisée, ces citoyens se (r)éveillent et réalisent qu’ils n’étaient pas tout à fait libres, prisonniers d’un système à bout de souffle, hiérarchisé, standardisé, centralisé, dont les règles du « toujours plus » et de la compétition ont instauré une dictature de l’urgence et représente une menace pour l’humain et la nature. Quatre milliards d’années de vie sur terre ont été remis en question en seulement 200 ans de première et deuxième révolution industrielle. Jamais, dans l’histoire de l’humanité une génération n’aura à affronter autant d’enjeux complexes : le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, la gestion de 10 milliards d’humains sur terre, la raréfaction des ressources et l’explosion des inégalités. |
Après avoir vécu un processus de transition personnelle, ces acteurs du changement, sorte de héros du quotidien par leur volonté de résister, ont pris conscience d’une nouvelle réalité, telle Alice au pays des merveilles qui est passée de l’autre côté du miroir et a décidé de suivre le lapin blanc, ou comme Neo, le héros du film Matrix qui a avalé la pilule rouge. Par leur éveil, leur choix de vie, leur acceptation à lâcher prise et leur courage de s’abandonner à l’inconnu, ils sont les prescripteurs de la construction d’un avenir désirable, du changement de société, qu’il soit agricole, technologique, digital, architectural, environnemental, économique, énergétique ou démocratique.
Ces nouveaux explorateurs ont découvert une sorte de 6ème continent et nous invitent à les rejoindre en changeant de regard et de dimension. Dans cet espace-temps, ils incarnent le changement qu’ils veulent voir dans le monde, individuel ou collectif. Exit les peurs, ils développent leurs talents, découvrent leurs «supers pouvoirs»[2] au fur et à mesure qu’ils osent être enfin eux-mêmes pour accomplir chacun la mission qu’ils se sont fixée. Il ne s’agit pas de sauver le monde d’hier, mais bien de contribuer avec ses moyens et ses capacités, à changer enfin de paradigme.
Cette « conquête de l’ouest » du XXIème siècle est particulière en ce qu’elle est interdisciplinaire, transversale. Holistique. Les territoires à explorer sont multiples : le soi, l’agriculture écologiquement intensive, l’énergie décentralisée et redistribuée, l’économie du partage, les nouvelles technologies, la micro-industrie, le cloud[3], la physique quantique[4], les nouvelles organisations sociales et autres formes de gouvernance (le pouvoir latéral). Notre histoire démarre avec un (r)éveil individuel, local , puis collectif et global. Nous l’expérimentons à travers un périple de rêves éveillés et d’utopies concrètes, une exploration de lendemains qui chantent… dès aujourd’hui. Il faut prendre le risque de laisser de côté les codes du monde d’hier, de jouer le jeu des métamorphoses pour savoir emprunter les sentiers inconnus d’un nouveau monde dont les contours se dessinent peu à peu, au fur et à mesure qu’on le découvre… Pour lire la suite, cliquez ici
Valérie Zoydo
[1] La traduction du mot empowerment n’existe pas en français. La seule traduction est
« émancipation » mais elle ne relate pas la notion de puissance.
[2] Expression souvent utilisée par Mathieu Baudin, historien et prospectiviste de formation. Il dirige l’Institut des futurs souhaitables et a créé la « confrérie des conspirateurs positifs ». Mathieu Baudin est animé par la volonté de cartographier ces nouveaux territoires.
[3] Le cloud computing ou l’informatique dans les nuages permet un accès permanent au réseau et à nos données depuis n’importe quel ordinateur relié à internet, n’importe où dans la planète
[4] La physique quantique relance le débat au sujet du libre arbitre ou du déterminisme. Voir les théories du philosophe Ervin Laszlo qui a élaboré une nouvelle vision du monde en particulier grâce aux découvertes en physique quantique. Pour lui, toutes les choses sont liées entre elles. Il existerait un champ cosmique, le champ du point zéro, reliant tout à tout, qui conserverait et transmettrait de l’information.
Crédit Photo : Thierry Mesnard (reproduction interdite)